Menace sur les pollinisateurs sauvages : l’apiculture coupable ? Le point de vue de l’Union Nationale de l’Apiculture Française
Ces derniers mois, plusieurs études sont venues remettre en question l’installation de ruches dans des milieux tant urbains que non-urbains. D’après ces publications, les colonies d’abeilles prélèveraient les ressources alimentaires des pollinisateurs sauvages ce qui leurs seraient préjudiciables. C’est notamment l’étude d’une équipe CNRS-MNHN, menée sur la ville de Paris et parue en septembre 2019, qui a mis le feu aux poudres.
Il convient de rappeler quelques points qui permettent de resituer ces études dans un contexte plus large afin de ne pas tirer de conclusions hâtives de ces études :
- Un déficit de pollinisation est constaté en France. La question de la concurrence entre abeilles sauvages et mellifères ne se pose donc que dans des situations exceptionnelles.
- Tout comme les oiseaux, les abeilles mellifères et sauvages souffrent ensemble de mortalités importantes.
- En matière de déclin des pollinisateurs, qu’ils soient domestiques ou sauvages, l’immense majorité des études pointent du doigt la dégradation et la fragmentation des habitats, la limitation des ressources alimentaires pour les pollinisateurs et la contamination chimique des plantes, des eaux et des sols par les pesticides.
En milieux urbains, si à Paris, on peut s’interroger sur l’importante densité du nombre de colonies au regard de la ressource en pollen et nectar disponible, pour l’UNAF, il n’en va pas de même dans toutes les villes de France. Chaque ville possède plus ou moins d’habitats favorables pour la nidification des pollinisateurs sauvages tout comme la quantité et la qualité des ressources alimentaires disponibles variera suivant les espaces urbains.
En milieux naturels ou semi-naturel, aujourd’hui, il ne semble pas contestable que, dans certaines situations extrêmes et rarissimes, l’installation de ruches puisse entrer en concurrence avec les pollinisateurs sauvages sur la ressource alimentaire sur une surface donnée. Néanmoins, à l’heure actuelle, les études ne permettent pas de conclure que même dans ces cas très particuliers, l’abeille joue un rôle dans le déclin des pollinisateurs sauvages.
En conséquence, l’UNAF encourage :
→ A refuser toute mesure qui conduirait à l’interdiction de ruches notamment dans certains milieux naturels.
→ A améliorer la qualité et la quantité de la ressource alimentaire et des habitats favorables pour les pollinisateurs dans les espaces urbains ou non.
L’UNAF tient à rappeler qu’elle ne se satisfait nullement du cadre de ce débat. Si apiculteurs et naturalistes en arrivent à se disputer les rares espaces naturels riches en biodiversité et indemnes de contaminations chimiques, c’est bien que le reste de notre territoire n’est plus viable pour les pollinisateurs. L’influence de l’abeille mellifère sur le déclin des pollinisateurs sauvages est en réalité nulle ou à peu près, en comparaison de l’impact de la dégradation rapide de la qualité de notre environnement. C’est pourquoi apiculteurs et naturalistes doivent travailler ensemble à une réorientation de l’agriculture.
Pour Gilles Lanio, Président de l’UNAF : « Proposer et promouvoir des mesures permettant au système agricole d’aller vers une meilleure mixité des milieux et un environnement favorable à tous les pollinisateurs sans mener les agriculteurs à la ruine est évidemment une tâche plus complexe que d’interdire les ruches dans les parcs naturels ; plus complexe certes, mais combien plus intéressante, plus solidaire et à terme plus payante pour les abeilles sauvages comme les abeilles mellifères ! »
Lire la note de positionnement détaillée de l’UNAF à cette adresse :
Bataille gagnée !!
Evaluation des impacts des pesticides sur les abeilles :
les Eurodéputés infligent un revers à la Commission et aux Etats membres en refusant d’entériner le maintien de standards d’évaluation des pesticides scandaleusement bas. Un immense soulagement pour l’Union Nationale de l’Apiculture Française.
Aujourd’hui, le mercredi 23 octobre 2019 à Strasbourg, les parlementaires européens se sont opposés, à une écrasante majorité, à la proposition de la Commission européenne de maintenir des règles d’évaluation totalement obsolètes des impacts des pesticides sur les abeilles. C’est un immense soulagement pour le monde de l’apiculture !
Rappel des faits :
En 2012, l’agence européenne de sécurité alimentaire, l’EFSA, a pointé du doigt les « faiblesses majeures » de l’évaluation de l’impact des pesticides sur les abeilles.
L’année suivante, en conséquence de son avis de 2012 et pour aligner l’évaluation sur les nouvelles exigences règlementaires[1], l’EFSA a fait une proposition de nouveau document d’orientation contenant les méthodes à mettre en œuvre pour évaluer les effets des pesticides sur les abeilles domestiques et sauvages, notamment en ajoutant la toxicité chronique, larvaire et les effets sublétaux des pesticides.
Depuis 2013, soit depuis 6 ans, la Commission n’est pas parvenue à faire avaliser ce document de l’EFSA par les Etats membres de l’Union européenne.
Fin 2018 et courant 2019, pour aboutir sur ce dossier et afin d’obtenir un consensus parmi les Etats, elle a progressivement amputé le document de l’EFSA de ses avancées majeures. Commission et Etats membres se sont ainsi mis d’accord :
- Pour ne pas évaluer la toxicité chronique des effets des pesticides sur les abeilles, alors que selon l’EFSA, la toxicité à long terme peut dépasser les prédictions fondées sur les essais à court terme ;
- Pour ne pas évaluer les impacts sur les abeilles sauvages, alors que des tests sont disponibles pour certaines espèces et que l’on connait le déclin alarmant des pollinisateurs sauvages.
Les Etats membres et la Commission ont donc fait sciemment le choix d’occulter tout un pan des connaissances scientifiques actuelles bien que le règlement sur les pesticides exige de fonder les décisions sur « l’état actuel des connaissances scientifiques et techniques ».
C’est cet arbitrage scandaleux que la Commission a soumis au Parlement européen et qui a fait l’objet d’un vote décisif aujourd’hui à Strasbourg. Nos Eurodéputés ont ainsi refusé de valider les évolutions réglementaires insuffisantes proposées par la Commission (533 voix pour l’objection – 67 contre – 100 abstentions). Ils ont également demandé à la Commission et aux Etats de revoir leur copie « sans tarder » en incluant toxicités chronique et larvaire pour les abeilles et la toxicité pour les abeilles sauvages.
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Commentaires de l’UNAF :
Selon une étude allemande de 2017, 75% des populations d’insectes volants ont disparu en un quart de siècle. Et chaque année, les apiculteurs subissent un taux annuel de mortalités de leurs colonies de 30% en moyenne.
Face à cette proposition inacceptable de la Commission, le Parlement européen a donné une réponse à la hauteur des enjeux, pour la biodiversité et pour la pollinisation de notre alimentation. Depuis plusieurs mois, apiculteurs et ONG environnementales faisaient face avec désolation à un processus décisionnel opaque vidant de sa substance le document le plus abouti à ce jour pour évaluer les impacts des pesticides sur les abeilles.
Pour Gilles Lanio, Président de l’UNAF, « le Parlement européen siffle enfin la fin de ce jeu de dupes, dans lequel les pouvoirs publics auraient voulu continuer de faire croire que les pesticides étaient correctement évalués. C’est une victoire pour l’apiculture, mais la Commission doit encore la concrétiser. C’est aussi une victoire pour la démocratie et la transparence des décisions. »
Formation initiale en apiculture organisée par la syndicat à Veyre-Monton :
Les inscriptions sont closes pour l"année 2020.
Cliquez sur les liens pour accéder au programme de la formation initiale en apiculture et à la fiche d'inscription pour 2020.
Fête de l'abeille et de l'environnement Beaumont 2019
Nous vous proposons une vidéo qui résume l'expérience au sujet de la lutte contre le varroa de nos voisins Belges